"Jamais l'empreinte laissée par cet archipel polynésien sur moi ne s'effacera. Je reste convaincu qu'on entend rien à la Polynésie si on feint d'ignorer les rapports quasi bibliques que la population entretient avec les éléments. Vouloir faire respecter le culte de la raison laïque au milieu du Pacifique est une idée toute métropolitaine. Il y a là-bas une fois simple que j'aime, une foi sans nuages.
Pour pénétrer en profondeur les consciences polynésiens, il faut du temps et accepter les explications irrationnelles, accepter de se soumettre au mystique. Chez les Polynésiens, la raison est soumise à la foi. Cette soumission n'est jamais chez eux une abdication. Rien n'est douteux, rien n'est obscur et pourtant aucune vérité ne leur fait peur. C'est une logique qui peut dérouter les sceptiques."
Ocean's Songs, Olivier de Kersauson.
"La démystification vise à rendre les personnes et leur conduite dociles aux lois du monde des machines."
Junger.
"Vivre en ponctionnant ce qu'il faut dans les bois garantit le bonheur. Ces hommes sont autonomes dans l'ogre des choses pratiques mais restent liés aux traditions des pères. Ils se tiennent aux antipodes des libres-penseurs qui ont arraché les liens à Dieu et aux princes mai dépendant de Lal ville et des services pour se nourrir, se déplacer et se chauffer. Qui a raison? Le moujik autarcique qui remet son âme au ciel mais ne pénètre jamais dans un magasin? Ou le moderne athée, affranchi de tout corset spirituel, mais qui est contraint de téter les mamelles du système et de se plier aux injonctions imposées par la vie en société? Faut-il tuer Dieu, mais se soumettre aux législateurs, ou bien vivre libre dans les bois en continuant à craindre les esprits? L'autonomie pratique et matérielle ne semble pas une conquête moins noble que l'autonomie spirituelle et intellectuelle. "L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serai pour ma part porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres (...), écrit Tocqueville au chapitre De la démocratie en Amérique consacré à l'"espèce de despotisme que les nations démocratiques ont à craindre". Ce soir, vidant les bouteilles avec les coureurs de la taïga, je choisis mon camp. Pour les dieux, les princes et les bêtes, et contre le code pénal!"
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson.
"La démystification vise à rendre les personnes et leur conduite dociles aux lois du monde des machines."
Junger.
"Vivre en ponctionnant ce qu'il faut dans les bois garantit le bonheur. Ces hommes sont autonomes dans l'ogre des choses pratiques mais restent liés aux traditions des pères. Ils se tiennent aux antipodes des libres-penseurs qui ont arraché les liens à Dieu et aux princes mai dépendant de Lal ville et des services pour se nourrir, se déplacer et se chauffer. Qui a raison? Le moujik autarcique qui remet son âme au ciel mais ne pénètre jamais dans un magasin? Ou le moderne athée, affranchi de tout corset spirituel, mais qui est contraint de téter les mamelles du système et de se plier aux injonctions imposées par la vie en société? Faut-il tuer Dieu, mais se soumettre aux législateurs, ou bien vivre libre dans les bois en continuant à craindre les esprits? L'autonomie pratique et matérielle ne semble pas une conquête moins noble que l'autonomie spirituelle et intellectuelle. "L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serai pour ma part porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres (...), écrit Tocqueville au chapitre De la démocratie en Amérique consacré à l'"espèce de despotisme que les nations démocratiques ont à craindre". Ce soir, vidant les bouteilles avec les coureurs de la taïga, je choisis mon camp. Pour les dieux, les princes et les bêtes, et contre le code pénal!"
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson.
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