"La liberté se trouve dans l'idée d'abandonner son libre arbitre. "
"Une fuite, la vie dans les bois? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital."
"En Russie, la forêt tend ses branches aux naufragés. Les croquants, les bandits, les coeurs purs, les résistants, ceux qui ne supportent d'obéir qu'aux lois non écrites, gagnent les taïgas. Un bois n'a jamais refusé l'asile. Les princes, eux, envoyaient leurs bûcherons pour abattre les bois. Pour administrer un pays, la règle est de le défricher. Dans un royaume en ordre, la forêt est le dernier bastion de liberté à tomber.
"Une fuite, la vie dans les bois? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital."
"En Russie, la forêt tend ses branches aux naufragés. Les croquants, les bandits, les coeurs purs, les résistants, ceux qui ne supportent d'obéir qu'aux lois non écrites, gagnent les taïgas. Un bois n'a jamais refusé l'asile. Les princes, eux, envoyaient leurs bûcherons pour abattre les bois. Pour administrer un pays, la règle est de le défricher. Dans un royaume en ordre, la forêt est le dernier bastion de liberté à tomber.
L'État voit tout; dans la forêt, on vit caché. L'État entend tout; la forêt est nef de silence. L'État contrôle tout; ici, seuls prévalent les codes immémoriaux. L'État veut des être soumis, des coeurs secs dans des corps présentables; les taïga ensauvagent les hommes et délient les âmes. Les Russes savent que la taïga est là si les choses tournent mal. Cette idée est ancrée dans l'inconscient. Les villes sont des expériences provisoires que les forêts recouvriront un jour. Au nord, dans les immensités de Yakoutie, la digestion a commencé. Là-bas, la taïga reconquiert des cités minières abandonnées à la pérestrioka. Dans cent ans, il ne restera que des ruines enfouies sous des frondaisons. Une nation prospère sur une substitution de population: les hommes remplacent les hommes. Un jour, l'histoire se retourne, et les arbres repoussent."
"les hippies fuyaient un ordre qui les oppressait. Les néo-forestiers fuiront un désordre qui les démoralise. Les bois, eux, sont prêts à accueillir les hommes ; ils ont l'habitude des éternels retours.
Pour parvenir au sentiment de liberté intérieure, il faut de l'espace à profusion et de la solitude. Il faut ajouter la maîtrise du temps, le silence total, l'âpreté de la vie et le côtoiement de la splendeur géographique. L'équation de ces conquêtes mène en cabane."
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson.
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson.
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