dimanche 15 octobre 2017

La Marche



"Le marcheur vit une sorte de plénitude existentielle qui lui donne le sentiment que son esprit est infiniment libre."

"Nous vivons le temps d'une "humanité assise" au sens ou notre corps est sous-utilisé dans la vie quotidienne. La marche est une forme de lutte contre cette tendance. Elle permet en quelque sorte de réinsérer à peu de frais le corps dans le monde en rétablissant les innombrables sensations que la vie urbaine tend à occulter. Elle enseigne la patience, à ne pas se précipiter et à s'ajuster aux circonstances. Le marcheur est un artiste des occasions.(...) La marche est une forme de disparition heureuse dans nos sociétés, une manière de se glisser dans l'anonymat des sentiers."

" On peut parler d'un retour au cosmos, au sens ou le marcheur est à nouveau soumis au rythme la nature et du monde; Il se sent à nouveau être une "créature". La marche est en ce sens un retour à l'élémentaire, à la nudité de nos ressources intimes d'homme ou de femme, et possède par conséquent une dimension métaphysique, une manière de s'arracher à la condition profane et de retrouver du sacré (...)."
David Le Breton.

"La méditation en marchant est un exercice très pertinent pour comprendre sans chercher à comprendre. Ni spirituel, ni philosophique, ni intellectuel. C'est un exercice essentiel qui fait voir ce que signifie être en mouvement. Un corps en mouvement bipédique est un corps en déséquilibre et, dans la disposition corporelle de l'homme, il y a un péril qu'aucun quadrupède n'éprouvera jamais. (...) On n'a pas à être autre chose que ce que l'on est. C'est pour cela que la méditation en marchant est une éthique. En grec, ethos signifie l'habitation, et c'est merveilleux d'habiter ce que l'on est. L'existence est un péril ontologique: exister, c'est ex-istere, c'est à dire être excentré par rapport à ce qui tient. Ce péril apparaît dans la méditation en marchant. Or, dès qu'il n'y a plus de péril, il n'y a plus d'existence. Dans la méditation en marchant, on observe qu'il ne faut pas chercher à se stabiliser en se raidissant comme on le fait presqu'automatiquement, mais au contraire à habiter un déséquilibre. La marche, c'est habiter un déséquilibre."
Alexis Lavis.

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